
Bravo, cette belle porte se trouve bien rue Fred Scamaroni.
C'est rue Fred Scamaroni(où se trouvait jadis la Poste, le Bureau de l'Enregistrement) que se déroulaient les compétitions populaires organisées dans le cadre des festivités du 15 août : Courses à dos d'âne, en sac, à l'oeuf, à pied. Le traditionnel mât de Cocagne était installé "place des Voitures" (place Bonaparte, alors moins occupée). C'est aussi rue Fred Scamaroni qu'était organisée l'arrivée du Tour de Corse dans les années 1950. C'est en rentrant dans cette rue principale que les militaires (tirailleurs ou légionnaires), revenant d'exercices, marchaient au pas en chantant, parfois musique en tête, avant d'emprunter la rue Saint Dominique, créant une certaine attraction.
Quelques commerces anciens de cette rue reviennent en mémoire. Parmi eux : le charron Pompa, la pâtisserie du même nom ; le magasin de meubles Luciani tenu par Charlot Albertini ; le petit local que tenaient les quatre soeurs : Sté, Lélé, Giro et Niculé ; l'épicerie de Jean-Baptiste Lantieri (qui distribuait aussi de l'essence par vases communicants), auquel succéda plus tard (sauf pour l'essence) Mme Stromboni ; l'agence des autocars Ollandini et Valli que dirigeait "Giazintu" Lena, suivi plus tard par M. Jean Baciocchi qui était aussi marchand de vins ; le "Café de la Poste" que tenait Pierre Santucci ; le Bureau de tabacs-journaux de la Veuve Lantieri ; le magasin de vêtements tenu par Pierrot d'Arco ; à une époque plus lointaine"l'Hôtel de France" de Bati Costa auquel succéda N.Maxiola; les "Etablissements François Rocca-Serra" (quincaillerie, cycles, pêche, radio, TV, divers) ; le "Café National" de Mme Bonnard ; le "Café Niçois" de Zi Dumenicu Giovanangeli; etc. Certes, la liste ne saurait, bien entendu, prétendre à l'exhaustivité. Quelques-uns de ces commerces ont disparu, d'autres continuent par succession familiale ou après une vente, quelques-uns se sont reconvertis (tourisme oblige) et sont devenus saisonniers.
Anecdote : Dans cette cité "millénaire" où tout est ancien, il est intéressant de noter que cette rue est relativement "neuve". En effet, les immeubles bordant la Carotola (côté gauche en descendant la rue) de la place Bonaparte à la Porte Neuve (ou Porte de France) n'ont été construits qu'à la fin du XIX° siècle. La plus grande partie l'ayant été à l'initiative de M. Jean-Antoine Musso (qui avait fait notamment carrière en Egypte et qui était un proche de Ferdinand de Lesseps). La construction semble s'être échelonnée de 1875 au début de 1900. Mais c'est en 1867 que l'on évoquait la construction d'immeubles qui devait commencer près de "la nouvelle porte de la ville" (à l'époque elle ne datait que de 1855). Le promoteur faisait entrevoir l'intérêt qu'il y avait à le laisser réaliser cet ensemble d'immeubles "considérant la pénurie qu'il y a à trouver du travail pour la classe ouvrière".
Pour ces constructions en bordure de la Carotola (dont les travaux furent dirigés par Victor Bourdeloup), des bornes d'alignement avaient été placées par le Génie militaire (car la Carotola était propriété de l'Armée et l'est demeurée jusqu'au début des années 1960). Le premier lot était de 227 m2 (23 m de long sur 9,97 de large) le prix du mètre : 16 frs.
En 1876, on sollicitait une petite parcelle de 9 m2 "à l'endroit dit Carotola" contigüe à celle acquise en 1872 "devant servir à mettre en équerre une grande maison que M. Musso est sur le point de faire construire près de la nouvelle route qui embellira l'entrée de la ville et procurera du travail à la classe ouvrière". Le programme, dans son entier, fut réalisé tel qu'on peut le voir aujourd'hui.
La petite place-terrasse (près du "Café Niçois") dotée de quatre bancs en granit, chacun sur trois pieds a été aménagée par M. Ricetti en 1889.
La rue Nationale fut longtemps le siège de l'Hôtel de France (Hôtel Costa) dont il subsiste encore aujourd'hui la clochette servant à appeler les clients pour les repas. Au-dessus du portail d'entrée la date de l'achèvement de cet imposant immeuble : "1881".