
Le baracun tel qu'il était avant sa restauration...
La hauteur intérieure des murs est 1.20m ; l'entrée a une hauteur de 1.00m et une largeur de 0.60m. Le diametre intérieur du baracun restauré est de 1.75m."L'artisan" (en fait un amateur...éclairé) a essayé de ne pas tailler les pierres du toit et de les placer telles qu'elles se présentaient à lui. A l'extérieur, il a laissé une corniche, comme sur beaucoup de baracuns existants.
Les dimensions et caractéristiques d'origine, c'est -à- dire ouverture au sud, murs de 90 cm de large, et hauteur de murs extérieurs de'1.60m (intérieur 1.40m) ont été respectées.
Précisons que le sommet extérieur du dôme se trouve à plus de 3.00m du sol. Pour linteau, la tradition a également été prise en compte, puisque notre "artiste" a utilisé du "bois de fer" (Genévrier)
Les documents que nous proposons montrent parfaitement la complexité de ce travail qui a nécessité beaucoup de temps, de motivation et de savoir-faire.
Pour ce qui nous concerne, nous pensions qu'une restauration aussi parfaite était, de nos jours, quasi impossible, en tout cas très difficile.
Pour arriver à un tel niveau de perfection dans l'art de restaurer un vieux baracun en grande partie délabré, il faut, bien entendu, maîtriser et bien connaître la pierre mais aussi aimer passionnément notre patrimoine rural bâti dont le baracun est le plus représentatif. Mais il n'est pas le seul, nous l'avons dit, car il faut aussi mentionner les trodgi (antiques fouloirs à raisin); les "Tramizzi (hauts murs de protection des oliviers); les "celli" ( petits abris créés dans le renfoncemnt des murs); les "maschetti" (canalisations rustiques pour maîtriser l'eau); les "rivilin" (sortes de jardinières circulaires construites autour des oliviers) sans parler, évidemment, des hauts murs de clôture des propriétés du "Piali" de Bonifacio !
Malgré ce que l'on pourrait imaginer de prime abord, la technique de la pierre sèche (synonyme en vieux français de "pierre essuyte"), est une technique nécessitant un savoir-faire réel. C'est en effet tout un art que d'assembler la pierre à sec, sans aucun liant, sans apport de matériel étranger, sans cintre ni échafaudage, pour monter les fausses voûtes en encorbellement avec le seul secours d'un marteau et de quelques simples outils!
Beaucoup de bâtisseurs modernes ont tenté de parvenir à ce résultat, en vain. (mais on a vu qu'un de nos lecteurs y est parfaitement arrivé)
Malgré l'impression première, les baracun, s'ils paraissent se ressembler tous, sont pourtant différents par certains détails.
Bâtis sans recherche d'effet esthétique (ce qui ne les empêche pas d'être remarquables), la plupart des baracun sont de type cylindro-coniques avec des dimensions variables et des pentes de toit plus ou moins accentuées. Mais de nombreux exemplaires sont à plan carré à leur base. Beaucoup d'entre eux sont de petite taille, avec des entrées très étroites et basses (0,60 à 0,90 cm de largeur pour un mètre de hauteur, rarement plus) proportionnelles à l'importance du bâtiment d'où l'on ne peut pénétrer qu'à quatre pattes. Certains baracun sont parfois pourvus, en plus de l'ouverture d'entrée, de petites "fenêtres" ressemblant à des meurtrières, percées dans les murs épais. Cependant on remarque que la majorité des baracun ne dispose d'aucune vue sur l'extérieur, hormis celle que peut fournir l'ouverture d'accès. Il y a certes, des exceptions car Il existe plusieurs dizaines de spécimens de grande dimension avec des entrées assez hautes et des grandes marches d'accès vers les toitures. Mais, dans tous les cas, un homme de taille normale tient généralement debout à l'intérieur.
Tous les murs des baracun sont épais (0, 80 cm parfois même 1 m 50) et savamment appareillés. Certains baracun sont pourvus de bancs circulaires intérieurs en pierres plates, courant le long des parois sans discontinuité et d'une ou deux petites niches (généralement 0,40 cm x 0,40 cm et de même profondeur) construites dans le renfoncement des murs. Ces dernières permettaient de déposer des objets usuels. Du côté de Filetta, un baracun avait été équipé d'un emplacement "secret" (longueur 1m 50 environ, largeur et hauteur 0,50 cm) aménagé dans l'épaisseur du mur, l'accès se faisant après descellement d'une pierre de l'ouverture d'entrée. Il en existe certainement d'autres de ce type. Ces cachettes, absolument indécelables, permettaient sans doute de mettre à l'abri des armes ou des objets précieux afin de les soustraire aux "razzia" effectuée jadis par les Sarrasins ou les Corses.
***
La grande majorité des baracun sont des constructions à une seule pièce. Mais il en existe quelques-uns, particulièrement grands qui comportent deux "pièces" communiquant entre elles. L'entrée est rarement doté d'une porte. Si un baracun en est pourvu, celle-ci n'est jamais très ancienne. Malgré quelques exceptions, les entrées sont en général orientées sud-sud-est, afin de les abriter du vent dominant (ouest) et de la Tramuntana (N-E). A l'intérieur des Baracun, les voûtes sont souvent assez variées : forme conique, en gouttière, en carène inversée.
La date de construction (ou de réfection), lorsqu'elle existe (trop rarement hélas) est inscrite sur le linteau de l'entrée (en pierre ou en bois de genévrier ou d'oléastre) ou bien sous la dernière dalle couvrant le sommet du toit. Lorsque, par le plus grand des hasards, apparaît une date, celle-ci est le plus souvent du 18° ou du début voire la moitié du 19° siècle. Par exemple, entre le Paü et Foce del'Edera, un baracun-cella qui semblait pourtant très ancien ne datait en réalité que d'une époque assez récente (entre 1860 et 1870) comme l'indique la pièce de monnaie de 1861 portant l'effigie du roi Victor Emmanuel II, trouvée par un chercheur sous la pierre de l'entrée du petit bâtiment (jadis, il était habituel, en signe de porte-bonheur, de placer une pièce de monnaie sous le seuil des maisons, lors de leur construction). Pour ce qui est de nos propres constatations, le plus ancien baracun millésimé que nous avons pu identifier portait la date de 1827 (Canava, date gravée sur linteau en bois) et 1851 (Parmentile, date sous la pierre couvrante du toit). Même s'il en existe d'un peu plus anciens, leur édification ne remonte certes pas à la ... préhistoire.
La plupart des spécimens doivent probablement avoir été édifiés entre le XVIII° et le XIX° siècle, .
Les baracun bonifaciens se situent, eux, dans une tradition propre aux habitats temporaires des pays méditerranéens (et autres puisqu'on trouve de telles cabanes en Provence, Bretagne et même en Angleterre !) où la roche peut être débitée en plaques. Pour que de telles structures apparaissent, il faut donc trois conditions: la géologie du terrain, une tradition lointaine, le besoin de créer un habitat temporaire. C'était bien le cas pour les Bonifaciens qui quittaient chaque matin la ville à dos d'ânes, pour aller cultiver leurs terres lointaines (jardins, oliviers, vignes notamment)...

canonici, Posté le dimanche 14 juillet 2013 03:22
Visiteur a écrit : "
"Il a fait ce qu'il a pu le brave homme !