En bas de g à droite : Le four à charbon qui servait à chauffer les thermes; une ancienne cale de halage ?
(Photos François Canonici)
Un établissement où cohabitaient colons romains et indigènes insulaires
Notre regretté ami l'archéologue Paul Agostini, avait beaucoup contribué à le mettre en valeur et à le "faire parler". C'est à lui que revient le mérite d'avoir fait avancer la connaissance dans cette zone. Il faut dire aussi, qu'avant lui, le regretté Paul Rossi, directeur du Collège de Bonifacio, sans être archéologue, s'était beaucoup intéressé à cet endroit.
Il s'agit d'une petite cité portuaire qui a connu un certain développement entre le 1er et le III° siècle après J-C. Certains n'hésitent pas à prétendre qu'il s'agissait de la cité de "Palla" que mentionne Ptolémée, mais rien n'est sûr.
Cependant, grâce à Paul Agostini, les fouilles ont livré de précieux renseignements tant sur la vie du village que sur sa place dans le monde romain au début de notre ère.
Les ruines mises au jour s'étendent sur un hectare environ pratiquement en bordure de mer, sur un petit promontoire séparant les étangs de Piantarella (ancienne salines) et de Sperone (ancien port romain aujourd'hui ensablé).
Elles se composent de murets de pierres bâtis en "opus incertum" et de briques, délimitant différents espaces à vivre de la cité. Plusieurs bassins et des ruines de thermes sont parfaitement visibles.
Il a été trouvé lors des fouilles, des fragments d'amphores italiques, hispaniques, gauloises et mauritaniennes.
Il faut noter qu'aux côtés du mobilier étranger se trouvait du matériel local comme les céramiques de tradition "Korsi". Ce fait prouve une mixité de la population: colons d'Empire romain et indigènes insulaires.
Une antique cale de halage ?
Piantarella était certainement une petite cité portuaire riche et prospère (en raison notamment des salines toutes proches ?) avec son port aménagé dans ce qui est aujourd'hui l'étang de Sperone.
Beaucoup croient voir dans l'échancrure formée par la roche, près dudit port, une ancienne cale de halage de navires. Ce n'est pas impossible mais telle que se présente actuellement l'accès même de cette cale (rochers hérissés) il paraît assez difficile d'admettre que l'on ait pu tirer des bateaux à terre. Cependant il est probable que cette fameuse cale ait présenté il y a 17 siècles un fond sablonneux permettant la mise en cale sèche des bâtiments.
D'autre part, en ce qui concerne la zone, un mystère subsiste. Après trois siècles (à peu près) d'occupation (du 1er au 3 è), le site a été abandonné probablement à la fin du III° siècle. Pourquoi ?
Y avait-il une relation avec les carrières romaines de l'île voisine (Cavallo) ? Celles-ci ont-elles été également abandonnées pour des causes diverses ?
Quoi qu'il en fut, Laurent Jacques Costa pense que la petite bourgade de Piantarella était, en effet, en relation avec les carrières de granit de l'île Cavallo (San Baïnzo) exploitées à la même époque, pour, notamment, la fabrication des grandes colonnes (comme celle qui sert de monument aux morts à la ville de Bonifacio) taillées pour l'ornement de différents édifices des villes italiennes
F.C
Visiteur, Posté le lundi 06 juin 2016 17:11
Bonjour,
Je viens de Suisse et c'est en 2003 que j'ai découvert ce site extraordinaire. J'avais été extrêmement surprise déjà à l'époque que des merveilles semblables soient laissées libres d'accès et que le chemin pour la plage passe par ces lieux. Je me réjouis d'y revenir cet été 2016 et espère que l'administration de la région ait fait quelque chose pour le mettre en valeur et - surtout - le préserver.
Merci à vous de votre travail de surveillance et d'information.
Agnès