(Photo François Canonici)
L'approvisionnement en eau pour la ville en général et l'armée en particulier a toujours constitué un sérieux problème à Bonifacio. Les militaires, comme les civils, se rendaient à la fontaine de Longone. Cependant, il fallait beaucoup d'eau pour alimenter le lavoir collectif de la caserne, laver les locaux, arroser les quelques arbres, faire la cuisine. Pour cela, le Génie militaire, de 1852 à 1856, avait foré un puits de 65 mètres de profondeur et de trois mètres de diamètre, dans le corps de la roche calcaire afin d'atteindre au bas de la falaise une grotte dans laquelle se trouvait (et se trouve toujours) une magnifique nappe d'eau qualifiée de "saumâtre" (elle était de très bonne qualité au néolithique). Cette grotte communiquait avec la mer. De là, on pouvait rejoindre, comme aujourd'hui, l'Escalier du Roi d'Aragon par un sentier creusé à flanc de falaise. Jadis, c'est par cet escalier historique que l'on parvenait au petit lac souterrain.
Cette curieuse nappe, d'une trentaine de mètres de longueur sur quinze mètres de largeur, légèrement située en dessous du niveau de la mer, est nommée "puits Saint Barthélémy", certainement parce qu'elle se trouve juste sous l'ancienne église du même nom.
C'est, en effet, à proximité de Saint Barthélémy, que part un escalier en colimaçon de trois cent trente marches tournant autour du "puits" et aboutissant à la mer (L'Escalier du Puits Saint Barthélémy ; en bonifacien: A Scara di u Puzzu San Bartumià.) Cet escalier qui présente une succession de marches interrompues de six repos tous les neuf mètres de hauteur environ, est pourvu d'un parapet .
L'eau était remontée en surface par un système de captage composé d'une chaîne sans fin munie de godets mue par un mécanisme actionné par un mulet tournant en cercle comme au manège. Le creusement de cet escalier et du puits a été réalisé de 1852 à 1856 par le Génie militaire. Un système de pompage remontait donc l'eau jusqu'au sommet de la falaise. Il consistait en une noria actionnée par un mulet qui, les yeux bandés tournait autour du puits qui n'avait rien d'artésien. Un plan de 1856 montre que l'on avait essayé d'installer une sorte d'éolienne au-dessus du hangar protégeant le puits. Plus tard, on devait utiliser en surface un moteur à essence auquel succéda une pompe immergée fonctionnant électriquement. André Serra auteur d'un ouvrage "Bonifacio" écrit en 1910, raconte que durant ces travaux entrepris de 1852 à 1856, un éboulement s'était produit qui avait coûté la vie à un Bonifacien (Jean-Baptiste Sorba).
Le percement vertical de la falaise avait nécessité l'extraction de plusieurs milliers de mètres cubes de roche.
Histoire : Il est curieux de constater que, dès 1658, les Génois avaient envisagé la réalisation de ce puits. Des plans détaillés avaient été dressés, notamment par le capitaine Marcello Mascardi. Mais il semble qu'il y eut de sérieux différends avec les confrères de l'oratoire Saint Barthélémy. Ces derniers craignaient que les travaux effectués à proximité de leur bâtiment ne provoquent des dégâts. Il est également possible que l'administration génoise ait reculé devant le coût de cet ouvrage et qu'elle ait remis sa réalisation à plus tard comme c'était souvent le cas. Cela dit, il paraît donc certain qu'en 1852, le Génie n'a fait que reprendre l'idée des Génois (vieille de 200 ans). Mais cette fois, sans l'opposition des confrères de San Bartolu. Et ce, pour la bonne raison que l'oratoire désaffecté avait été acquis par l'armée et que la confrérie avait été s'installer ailleurs (Eglise Saint Dominique).
Marzolaccio, érudit bonifacien, fait état, dans son livre publié en 1625 ("Compendiosa descrizione delle cose di Bonifacio" d'un puits dont la description est la suivante: "Il y a aussi un puits d'eau vive mais un peu saumâtre dont le goût cependant n'est pas mauvais et que l'on peut boire sans danger. Ce puits est très ancien. D'une belle construction et d'une profondeur de 67 palmes, il a été creusé dans la roche très dure et entouré d'un petit mur; il y a toujours dix palmes d'eau".Il doit certainement s'agir du puits se trouvant au piémont de la Carotura creusé dans la roche et dont on peut voir l'ouverture par le chemin de ronde au-dessus du Puzzu-Verdi.
Origine de la nappe : Selon Charles Ferton "Cette nappe doit son origine à une faille qui coupe la presqu'île de part en part et à l'inclinaison vers l'ouest des strates calcaires du plateau. Les eaux pluviales, tombées à l'Est de la cassure, glissent vers l'ouest sur les couches du roc et se rassemblent au bas de la faille, à hauteur de la mer, au fond de la grotte où elles forment cette belle nappe d'eau claire".
Au fil des siècles, après la construction de la ville, l'eau de ce "puits" est devenue saumâtre du fait de la diminution, au fil des siècles, des quantités d'eau douce reçues dans la grotte. Les raisons sont multiples: nombreuses retenues dans les citernes de la ville, l'écoulement des eaux pluviales directement dans le port par les rues et les égouts, pluviométrie irrégulière et faible.
canonici, Posté le jeudi 19 septembre 2013 10:50
Visiteur a écrit : "
"Bonjour Monsieur
J'ai tenté une explication dans mon ouvrage intitulé "Bonifacio à travers ses rues et places" (Stamperia) ouvrage épuisé (après 2 tirages).
Voici ce que j'écris:
Montlaur était un officier du Génie qui serait décédé à Bonifacio alors qu'il participait à la construction de la caserne dite "Française. Il a donné son nom à l'ensemble du quartier militaire (plus de 4 hectares).
Le service historique de l'armée de terre précise que le nom de Montlaur a été porté par plusieurs officiers généraux dont un maréchal de France Jean baptiste d'Ornano de Montlaur (1521-1626) colonel général des Corses et du régiment des Corses le 20 septembre 1597.
Cordialement